Lettre E : Enzo

Enzo espatrio

Enzo assis au centre
Enzo assis au centre

Dans les années d'après-guerre, des Italiens, fuyant la misère, arrivent en Lorraine. Ils restent la nationalité la plus représentée parmi les immigrés lorrains. Le Pays-Haut et l'ouest de l'arrondissement de Thionville sont leur terre d'accueil privilégiée. La Lorraine regroupe près de 10% de l'ensemble des immigrés italiens en France.

Parmi eux mon père, Enzo Vittorio BRESCHI,

Il est né en 1930 en Toscane, dans un petit village de la province de Pise : Vecchiano, Sa vie a été rude dans ces années de guerre et d'après guerre, son père, Rinaldo, est communiste et passera la majeur parie de la guerre caché pour échappé aux persécutions mussoliniennes,La famille vit dans une grande pauvreté, il y a 5 jeunes bouches à nourrir et sa mère, Luisa,en l'absence du père s'organise avec les moyens du bord : journalière, les aînés pêchent, rapinent aussi dans les champs - nécessité oblige, A l'arrivée des Américains, le petit Enzo donne dans le marché noir... il a 14 ans,

Les années passent, faites de petits boulots : garzone pour des propriétaires terriens, maçon avec un de ses oncles, pêcheur avec son père dont c'est le métier,

Exemple d'affichage
Exemple d'affichage

Il a 18 ans quand il entend parlé par les copains du village d'une campagne de recrutement de travailleurs pour la France, Les premiers entretiens auront lieu à Pise, un peu par jeu il s'y rend avec des amis et deux de ses frères,

« Nous étions tous en ligne et le recruteur français, mandaté par les aciéries de Lorraine, passait dans les rangs en nous demandant de tendre nos mains,,, trop lisses, on était recalé, bien calleuses, on restait dans le rang » Enzo avec ses frères passent le premier cap de la sélection,

Examens médicaux, tests d'aptitude et pour finir signature du contrat de travail suivront ; sans bien en avoir conscience, le voilà émigré,

Ça va vite, trop vite, à peine le temps de dire au revoir aux amis, d'embrasser la mamma, que le voilà avec ses frères dans le train direction les hauts fourneaux de Moselle, lesté d'une valise bourrée de tricots épais, de caleçons de laine : la mamma sait qu'en France il fait froid !

Ses deux frères rentreront en Italie après quelques années de travail en France et au Luxembourg, lui épousera une française, fondera une famille et mourra en France en 2009 à l'âge de 78 ans. Le contact avec la Toscane, la famille et les amis n'a jamais été rompu, tous les ans pour les vacances d'été nous retrouvions cette part d'italianité que mon père nous avait offerte.

Quelques précisions sur les émigrés italiens :

Si les Italiens sont moins nombreux en France qu'au cours de l'entre-deux-guerres (808 000 au recensement de 1931), leur nombre s'est accru depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. la présence italienne en France est de 450 000 personnes en 1946. À partir de ce moment, le nombre d'Italiens croît de 26,2 % jusqu'en 1968 avec une accélération des flux à partir du milieu des années 1950 (avec un maximum de 80 000 entrées en France en 1957), dans une période où l'émigration atteint en Italie un niveau important.

Avant le grand saut

L'accord migratoire su 21 mars 1951 vise à favoriser la mise en relation entre les employeurs et les candidats italiens à l'émigration sous le contrôle de l'Office national d'immigration (ONI) qui détient l'exclusivité de la mise en œuvre du recrutement,

Après l'examen de la demande, les contrats relatifs aux travailleurs de l'industrie sont transmis à l'ONI qui le fait ensuite parvenir à son antenne à Milan, tandis que ceux qui concernent les travailleurs de l'agriculture sont transmis directement.

Sur ce document doivent figurer, « les conditions exactes de l'emploi, les travaux que le travailleur sera appelé à exécuter ainsi que, le cas échéant, les aptitudes particulières requises de l'intéressé ». Un avis favorable est ensuite délivré par l'administration seulement si des travailleurs nationaux ne peuvent pas occuper l'emploi offert.

À ce stade de la procédure, les autorités italiennes auprès de qui l'ONI fait connaître, deux fois par mois, le nombre de contrats envoyés, répartis par profession. Le centre de Milan se charge d'opérer dans les offices de travail locaux une première sélection des candidats susceptibles de répondre aux offres d'emploi. En collaboration avec des agents de l'ONI, s'effectuent alors principalement la sélection professionnelle, sur présentation de diplômes ou sous forme de tests, et la sélection dite démographique. Une limite d'âge est en effet fixée, pour les travailleurs agricoles à 45 ans, pour ceux des mines à 35 et pour les autres catégories à 30. Les prétendants à l'émigration doivent non seulement être dans la force de l'âge, mais doivent aussi justifier d'une bonne santé au travers de toute une série d'examens médicaux, radiologiques et sérologiques effectués à la caserne Garibaldi, siège de l'ONI à Milan

Sélectionnés, les candidats au départ signent un contrat de travail rédigé en français, accompagné d'une traduction en italien. Puis, en possession des documents nécessaires au voyage, ils sont acheminés de leur domicile jusqu'à leur lieu d'emploi où ils perçoivent une prime d'installation tandis que les frais de voyage sont partagés entre la France et l'Italie, l'ONI prenant en charge les frais seulement à partir de Milan.

« la prise en charge du lieu de résidence au centre de sélection de Milan représenterait une dépense moyenne de 60 francs par travailleur tandis que pour revaloriser de façon appréciable la prime d'installation, il serait nécessaire de la porter de 15 francs à 100 ou 150 francs».

les vacances en Italie
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