Lettre I : Italie...

ou la supposée jungle des archives

Un peu d'histoire

De nos jours
De nos jours

Si tout comme moi vous avez des ancêtres, plus ou moins éloignés dans le temps en Italie, vous savez que l'approche de L'état civil italien n'est pas simple.

Certains diront : « quelle galère !! »

Pourtant, il suffit de intéresser aux grandes dates de l'histoire de ce pays pour comprendre comment son état civil s'articule, prenez un peu de temps pour découvrir ces grandes périodes et cela vous en économisera beaucoup par la suite,

Bref rappel historique :

Alors que les royaumes de France ou d'Angleterre, pour ne citer qu'eux, ont déjà entamé la construction d'un État unifié pendant tout le Moyen Âge et même durant l'époque moderne, l'Italie est surtout une réalité géographique et culturelle marquée par de multiples principautés plus ou moins vastes et aux institutions variées.

Les différentes parties du pays, de Trieste à Palerme en passant par Venise, Trente, Milan, Turin, Gênes, Bologne, Florence, Rome ou Naples, ont chacune leur histoire particulière.

Du Moyen-Âge à la Renaissance

    Les principautés italiennes morcelées vont peu à peu péricliter face aux géants européens jusqu'au XIXéme siècle.

Du XIVème - XVIème siècles

Au xive siècle, la langue qui va devenir l'italien acquiert ses lettres de noblesse en vers avec Dante et sa Divine Comédie, puis en prose avec Boccace et son Décaméron. (En 1860, seuls 2,5 % des Italiens parlent italien, la langue officielle, formée à partir du toscan).
La péninsule  suscite les convoitises,  les empereurs germaniques, qui aspirent à la dominer  poursuivent leur rêve, parfois brutalement comme le montre le sac de Rome par les troupes de Charles Quint en 1527. Mais il faut aussi, à partir du xv ème siècle et durant tout le XVI ème, faire avec les prétentions françaises sur Naples et Milan, qui entraînent les guerres d'Italie - Marignan est aussi, après tout, une date de l'histoire de l'Italie...

XVIII ème siècle

Au début du XVIII ème siècle, l'Autriche prend l'ascendant sur l'Espagne dans la péninsule.

Les Français finissent par l'envahir en 1797. En bouleversant l'ordre social et politique, l'intrusion des armées révolutionnaires, celles de Bonaparte, contribue à rebattre les cartes en Italie. Que ce soit par réaction, par identification ou par mimétisme, le mouvement pour l'unification - le Risorgimento - commence à ce moment-là.

Le XIXe siècle

1861-1911 : « Faire les Italiens » après le Risorgimento

Les premiers projets d'unification naissent de l'invasion napoléonienne mais celui ci redécoupe la péninsule en différents États. C'est face à l'Autriche et surtout face à Napoléon III et Victor Emmanuel II que le royaume de Sardaigne va réussir à unifier une partie de l'Italie.

En 1861, le royaume d'Italie est proclamée. Venise est annexée au royaume en 1866 et Rome en 1870. Rome devient la capitale en 1871. Le gouvernement est une monarchie constitutionnelle avec un parlement élu au suffrage restreint. Il peut désormais s'imposer progressivement contre les particularismes locaux et l'influence de l'Église et des catholiques, qui suivent l'interdiction papale de participer à la vie politique jusque dans les années 1920.


Le découpage de l'état civil italien


Blason de la province de Pise
Blason de la province de Pise

En Italie, on conserve des registres d'état civil depuis très longtemps. Actuellement, les registres datant des périodes suivantes (entre autres) sont consultables.

Les registres d'état civil napoléoniens

(Stato Civile Napoleonico-SCN, 1806-1815)

Napoléon a instauré la tenue des registres d'état civil dans certaines régions d'Italie dès 1806. Elle était obligatoire jusqu'à son éviction du pouvoir en 1815. Ainsi, en règle générale, les registres napoléoniens concernent la période 1806-1815.

Les registres d'état civil sous la Restauration

(Stato Civile d'ella Restaurazione-SCR, 1815-1865)

On appelle parfois cette période « Stato Civile Borbonico » (du moins en Italie du Sud) car le roi Bourbon du royaume de Naples, Ferdinand 1er, modifia le contenu et la conservation des registres d'état civil napoléoniens. Bien qu'on ait conservé dès 1809 des registres d'état civil napoléoniens en Italie du Sud et au Royaume de Naples, c'est en 1816 que la dynastie des Bourbons les rétablit. La Sicile n'adopta ce type de registre qu'en 1820.

Les registres d'état civil italien

(Stato Civile Italiano- SCI, 1866-aujourd'hui)

En 1866, l'État italien a commencé à uniformiser la conservation des registres d'état civil dans toute l'Italie. Cette année-là, l'État italien a officiellement instauré les registres Stato Civile Italiano (ou registres du gouvernement italien).

Avant 1866, les registres étaient généralement rédigés à la main parce qu'il n'était pas toujours possible d'avoir accès à des formulaires imprimés. Vers 1875, il était très courant de trouver des formulaires imprimés et de nombreuses juridictions italiennes commencèrent à changer de nom. Ce n'est qu'en 1871 que la province de Rome commença à tenir des registres.

Et avant ?

Les registres paroissiaux catholiques italiens

Ces registres couvrent souvent des périodes bien antérieures à celles des registres d'état civil

Depuis la décision du concile de Trente en 1565 selon laquelle les prêtres devaient tenir des registres des baptêmes, des mariages et des décès de tous les paroissiens, le clergé s'est fidèlement acquitté de cette tâche.

L'Église catholique a conservé un registre des naissances, des décès et des mariages de presque tous les italiens, depuis le début des années 1600, dans toutes les villes, tous les villages et tous les hameaux où une paroisse était implantée. Étant donné qu'à l'époque, la majorité des familles restaient au même endroit, on peut souvent trouver quatre siècles de généalogie et d'histoire familiale dans une seule paroisse.

Les recherches


A ce propos, voici quelques conseils :


  • Bien cibler l'administration à laquelle vous allez vous adresser, comme on l'a vu précédemment, selon les périodes vous ne trouverez pas les registres aux mêmes endroits,

Avant 1866 (la plus part du temps) il faut s'adresser à la paroisse de résidence de votre ancêtre et c'est au bon vouloir du curé,


Après 1866, au service anagrafico ou stato civile de la commune concernée, encore une fois c'est au bon vouloir des préposés.

  • Bien cibler le service et la personne à qui adresser votre demande, là google est votre ami !

La plus part des communes italiennes a son site internet, tout comme les paroisses, vous y trouverez l'organigramme des divers services et le nom des personnes en charge de chacun d'eux, avec adresse et mail : anagrafe ou stato civile, dans les plus petites communes les deux sont souvent confondus,

  • Donner le maximum d'informations sur votre ancêtre, soyez concis, clair et expliquez brièvement ce qui motive cette demande, Le temps est révolu où il ne fallait pas prononcer le mot « généalogie » en Italie, mais il est plus simple de dire que l'on souhaite connaître ses racines italiennes.
  • De la politesse, de la politesse et encore de la politesse !
  • Les italiens, tout au moins dans le domaine administratif, sont beaucoup plus formels que nous. Si la personne contactée porte le titre de Dottore/Dotoressa Machin, donnez lui son titre, de même pour les formules qui vous paraîtraient « ronflantes » : egregio, gentilissima,,,,Mieux vaut en faire trop que pas assez !

  • Mail ou courrier, personnellement, je privilégie l'envoi par mail, à mon avis moins contraignant, plus rapide et surtout, si vous avez suivi mes conseils, il arrive à la bonne personne sans intermédiaire ce qui limite les risques de perte ou que votre lettre finisse « enterrée » sous une pile en attente !

Je vous avoue que les résultats sont mitigés, il n'y a pas de formule magique, certaines de vos demandes aboutiront rapidement, quelques jours, d'autres prendront du temps, mois ou semaines et certaines resteront sans réponse,

Recherches en ligne

Deux grands sites incontournables : Antenati et Family Search,

Antenati est Le portail du "Ministero per i beni e le attività culturali" et la "Direzione Generale per gli Archivi" italiens

Ce portail est né suite à une convention signée en 2011 avec FamilySearch International, afin de publier progressivement les images des registres d'état civil que la Genealogical Society of Utah a numérisé à compter du milieu des années 1970.
En parallèle, le portail recense également toutes les archives disponibles au niveau des institutions des régions et des provinces italiennes.

Toute l'Italie n'est pas encore représentée, mais le fond documentaire va grossir avec le temps.

https://www.antenati.san.beniculturali.it/

FamilySearch est un organisme généalogique créé et géré par l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours.

Il s'agit de la plus grande organisation généalogique au monde. FamilySearch est constitué d'un ensemble d'enregistrements, de ressources et de services conçus pour aider les gens à en apprendre davantage sur leurs ancêtres.en rassemblant, conservant et partageant des documents généalogiques avec le monde entier. Accès gratuit à ses ressources et ses services en ligne sur FamilySearch.org

En outre, cet organisme propose une assistance personnelle dans plus de 4 500 centres d'histoire familiale, et ce dans 70 pays pour les documents non accessibles en ligne,


Recherches par courier/mail

Comme vous l'aurez compris l'état des registres numérisés et accessibles en ligne est encore lacunaire : années manquantes, communes non numérisées, etc,,,

Lorsque l'on touche les limites de la recherches sur internet et avant d'envisager un séjour en Italie, reste la correspondance,

Exemple coordonnées service anagrafe
Exemple coordonnées service anagrafe
Salle de lecture, Pise
Salle de lecture, Pise
Humour ;)
Humour ;)

La recherche sur place


Cours intérieure, archivio archivescovile Pise
Cours intérieure, archivio archivescovile Pise
Vecchiano
Vecchiano

vous envisagez une recherche sur place,

Outre le fait de découvrir un pays merveilleux, la pasta, le cappuccino et le charme italien vous pourrez, normalement, avancer rapidement, tout est question d'organisation, c'est la clé.

Avant le grand saut

  • Listez précisément toutes les recherches que vous souhaitez faire et récapitulez les informations déjà en votre possession sur les personnes concernées.
  • Contactez par mail les communes, paroisses ou centres d'archives que vous envisagez de visiter. C'est impératif, cela vous évitera bien des déconvenues : expliquez votre démarche, proposez un créneau de dates pour votre passage, les horaires, si un rdv est nécessaire, les conditions de consultations, etc,,, et surtout si le fonds qui vous intéresse est accessible.
  • En fonction des réponses et si plusieurs communes, voir régions, sont concernées établissez un itinéraire,

Une fois sur place, cas pratique


Il y a deux ans, à la fin d'un séjour en Ombrie, sur la route du retour, j'ai consacré 2 jours à mes recherches généalogiques dans la province de Pise. Deux jours c'est court, il fallait donc que ce soit efficace !

Première étape

Par chance le berceau des BRESCHI est un village de moyenne importance : Vecchiano,

Après contact et prise de RDV, me voilà au service anagrafico de la commune, logique on commence par les actes les plus récents : ceux de mes grands-parents et arrières grands-parents, Un moment d'intense émotion, toute seule au milieu des registres, pilotées par un petit cousin de mon père que je n'avais pas vu depuis notre enfance, et qui par miracle travaillait dans ce service, j'en ai encore la larme à l'œil !

Ma recherche des BRESCHI, tourne court, en effet j'apprends que mon arrière grand-père et sa famille sont de Pistoia, seul mon grand-père est né à Pise et s'est marié à Vecchiano,

Par les feuilles de« stato di famiglia » j'ai pu déterminé à partir de quelle époque cette famille c'est installée dans le village : 1920/1921, Bon, Pistoia ce sera pour une autre fois.

Pour les BARGI, la famille de ma grand-mère, c'est plus fructueux puisqu'il ressort que c'est une très ancienne famille du village,

Deuxième étape

Comme les registres de la mairie ne commence que vers 1870, il va me falloir aller chercher dans les paroisses, heureusement, j'avais anticipé et, plus tôt que de faire du porte à porte et compter sur la bonne volonté des curés, j'avais pris RDV à Pise à l'Archivio Storico Archivescovile.

Dans ces centres d'archives religieuses sont déposés  un double de la majorité des registres et archives de toutes les paroisses relevant de l'archevêché de Pise (idem pour les archevêchés d'autres provinces), gain de temps pour moi, puisque j'avais aussi, marginalement, un couple d' ancêtres sur une autre commune de la province : Castelfranco di Sotto,

    Nous étions deux dans cette immense salle de lecture (au fonctionnement similaire aux archives départementales françaises).

    Je me suis présentée à la responsable de salle lui rappelant nos échanges de mails des jours précédents, J'insiste encore sur l'importance d'échanges écrits polis et cordiaux, car elle m'a accueillie avec beaucoup de gentillesse et de patience et m'a énormément aidée.

    J'ai pu consulté et photographier les Stati delle anime existantes (il y a souvent des lacunes dans ce fonds), des actes de naissances (baptêmes), mariage et décès, poser des questions, demander des explications,,,

Troisième étape : Le retour

    Je suis rentrée en France avec mon trésor sous le bras et là j'ai commencé le dépouillement approfondi des documents, faute de temps je n'avais pris que des notes essentielles sur place.

    Au fur et à mesure de ce travail de fourmi, j'ai fait des "aller/retour" sur les sites Antenati et Family Search où j'ai pu trouvé les actes manquants ( pas tous hélas) nécessaires à ma lente remontée du temps.

Epilogue

        Mais cette source à exploiter en ligne s'est petit à petit tarie, alors j'attends avec impatience la possibilité de retourner « chasser « mes ancêtres en Italie, prochaine destination Pistoia ?



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